lundi 18 mai 2009

Affaire n°65 - Disparition de Hervé Marénuire

13 janvier 1901

Je suis allé au château Marénuire. La demeure se trouve derrière la Tour Magne, à l'abri d'une haie de laurier tin et entourée d'un vaste terrain caillouteux mais bien entretenu. Des plantes de garrigues y côtoient des orangers et un magnifique bougainvillier semble soutenir la face sud-ouest de la demeure.

Je suis accueilli par le majordome qui me conduit auprès de sa maitresse. La veuve déplore la disparation de son frère mais n'est pas très disposée à parler de la famille. Sans doute la disparition de son mari dans des circonstances étranges ainsi que l'intérêt malsain de la presse de l'époque l'ont-ils poussé à se murer dans un mutisme forcé.

Néanmoins, elle m'accueille avec politesse, me propose un thé avant de me conduire dans le bureau de son frère.

La porte du bureau est solide et le verrou n'est pas accessible depuis l'extérieur. Pour pouvoir ouvrir cette porte, le majordome a dû en découper une section.
Les fenêtres sont closes et les volets non fermés. Les abords de la fenêtre ne comportent pas de traces de pas, ou de mains. Les vitres sont sales mais tout autant vides d'empreintes.
La chaise du bureau est renversée en arrière, comme si Hervé Marénuire s'était levé précipitamment. Des papiers sont éparpillés sur le sol et le bureau est en désordre.
A terre, une caisse éventrée répand la paille qui protégeait son contenu. L'expéditeur du colis est étranger : Mr Brahim Alzif, Le Caire.
Il semblerait que Hervé Marénuire a été projeté violemment contre la bibliothèque. En effet, plusieurs livres des étagères derrière le bureau sont à terre, certains ouverts. Pour beaucoup, ils abordent l'histoire et pour certains des sujets occultes. Je note quelques titres pour pouvoir les consulter à la bibliothèque.
Il n'y a aucune trace de pas identifiables au sol, ainsi qu'au plafond.

Je prends 2 photos du bureau (je suis très fier de mon achat d'un Le Rêve) : l'une de derrière, adossé à la bibliothèque, l'autre à l'opposé . Puis je fais une photo de la fenêtre et de la porte.
Alors que je prenais la photo de la fenêtre, il m'a semblé apercevoir un reflet sur les vitres. En approchant de plus près, je ne distingue rien de spécial. Sans doute était-ce ma propre image. Il faudra que je vérifie une fois les photos développées.

Je me rends ensuite à l'extérieur, pour regarder si je trouve des empreintes sur le sol. La fenêtre est bien accessible mais il faut être assez athlétique pour se hisser sur le rebord. Néanmoins aucune empreinte ne se distingue sur le sol. Je prends une dernière photo de l'extérieur et retourne dans le château.

Cette disparation semble pour le moins étrange. Aucune trace d'aucune sorte et un bureau fermé de l'intérieur, en désordre.
Je comprends un peu pourquoi Madame Marénuire souhaite gardé le secret pour l'instant. Elle n'a pas envie de revivre le scandale du à la disparition de son mari. Elle insiste à nouveau pour que j'enquête dans la plus grande discrétion. Je lui renouvelle ma sympathie et lui demande si elle peut faire en sorte que la pièce reste dans cet état, au cas où j'ai besoin d'y revenir. Elle acquiesce et donne des instructions à son majordome.

Je prends congé et rentre en passant par le jardin de la Fontaine. Je me rends place aux herbes, pour amener à développer mes plaques photographiques.

J'irai demain à Montpellier consulter les livres qui jonchaient le sol du bureau de Hervé Marénuire.

mercredi 13 mai 2009

Affaire n°65 - Disparition de Hervé Marénuire

12 janvier 1901

En rentrant de mon séjour chez mes parents, j'ai trouvé sur le pas de la porte une avis de passage. Un colis m'attendait au bureau de Poste.
Une fois de retour, je me suis servi un bon café et j'ai commencé à m'intéresser à cet envoi.
Le paquet est entouré de papier kraft et noué par une vieille ficelle. A l'intérieur se trouve une boite en bois, une enveloppe ainsi qu'une lettre.
La boite contient une paire de dés à jouer en os, une petit fascicule de règles ainsi qu'un tapis de jeu en peau barré d'une étoile et de signes étranges.
L'enveloppe contient 100 francs. Qui peut bien m'envoyer une telle somme ?
La lettre quant à elle est très étrange. Je le recopie ici au cas où je doive m'en séparer :

"Cet objet appartenait à mon frère. Il a disparu le 21 décembre. Vous trouverez ce qui était sur son bureau, fermé de l'intérieur ainsi que de quoi commencer l'enquête et garder le silence.
Je rentre le 5 janvier et essaierait de reprendre contact avec vous. Si vous ne rentrez que plus tard, merci de venir me voir au château Marénuire. Demandez Mme Marénuire."

J'irai voir cette dame demain. En attendant, je vais faire un peu de ménage.

lundi 11 mai 2009

Smiley

Un weekend en faisant la vinaigrette dans un pot de sauce tomate propre, je fais une découverte.
L'étiquette étant partie avec le lavage mais pas la colle je vois que les 3 points d'attache forme un smiley :)

Hasard ou tentative de communication d'une intelligence artificielle ? Peut être suis-je une espèce d'élu, destiné à retrouver et à sociabiliser cette nouvelle forme de pensée ?

Je décide que dès la semaine prochaine j'essaierai de retrouver l'usine d'où sort cette boite (ca devrait être facile avec tous les numéros sur le couvercle) !

Je me rends tout d'abord dans le centre commercial où j'ai acheté ce pot de sauce bolognaise. A l'accueil, la brave dame qui est là me prend soit pour un débile profond, soit ne comprend pas ce que je veux dire par traçabilité, usine de fabrication, parler au gérant. Toujours est-il que mon comportement l'inquiète suffisamment pour qu'elle appelle son responsable.

Celui-ci se montre très affable (peut-être me prend-il pour un journaliste) mais insiste pour connaitre mes motivations. Ne voulant pas perdre cette unique chance, je lui raconte un mensonge, comme quoi je fais parti d'une commission d'enquête sur la traçabilité des produits de la grande distribution. Ni une ni deux ça n'a pas loupé : "Il faut que vous preniez contact avec la gestion des approvisionnements du groupe, c'est eux qui pourront vous répondre. Nous sommes livrés selon nos commandes mais c'est le central qui assure le remplissage des camions". Et où se trouve ce central ? "A Marseille, voici l'adresse".

Merci monsieur, etc... et me voici proprement mis dehors, avec mon pot de sauce et mon bout de papier. Je remonte dans ma voiture et direction Marseille. Tant pis pour le boulot, je trouverais bien quelque chose à leur raconter.

Sur la route le doute me fait presque faire demi-tour aux alentours de Salon de Provence mais non. Il faut que je tire cela au clair ! Si une telle intelligence artificielle existe, je veux être le premier à la rencontrer.

Trouver ce central d'achalandage n'est pas une partie de plaisir, surtout sans plan et juste une adresse. Après plusieurs détours, retour et arrêt pour demander mon chemin j'arrive enfin à destination.
Les proportions de ce central m'écrasent littéralement. Des dizaines de bâtiments, gigantesque et aveugle. Des camions et des fenwicks partout qui tracent, bougent et se croisent à un rythme effréné, les plus petits remplissant le plus gros.
Un conducteur de transpalette m'indique les locaux du responsable. Celui, gras et transpirant, se montre beaucoup moins aimable que son homologue du centre commercial. Contact avec le client oblige...
Il consent malgré tout à me laisser consulter les registres. Ceux-ci sont informatisés bien sûr mais ne bénéficient pas de moteur de recherche. Il faut se farcir les centaines de page à la main... pour finir bredouille. Pas de traces de ma référence dans leur registre. J'interroge le gérant. D'un geste désinvolte il balaye ma question : "On assure une traçabilité complète. Si c'est pas dans mon registre, c'est que ça vient d'un autre central." Je demande à rester pour regarder à nouveau. Il accepte tout en ronchonnant mais un coup de téléphone ne lui laisse pas le temps de refuser. Je retourne devant l'écran et recommence à éplucher, méthodiquement, frénétiquement tous les enregistrements.

Et enfin je la trouve : cette boite de sauce bolognaise a été fabriquée dans l'usine n°L-125. Bien ça avance. Mais pas très vite. Où se trouve cette usine ? Le gérant du central l'ignore : jamais entendu parler. Il consent à me donner la liste des usines qui le fournissent. Effectivement, elle ne figure pas sur la liste des usines de 2009. "Non je n'ai pas sur moi la liste 2008. Faut demander aux archives du groupe. Faut que je cherche dans mes archives. Revenez demain".

Le lendemain matin, il me donne la liste des usines de 2008. L'usine L-125 s'y trouve bien. "Elle a du fermé en janvier. Vous savez la crise n'a pas épargné nos fournisseurs".

Tout s'effondre autour de moi. L'usine a été fermée. Arrêtée. L'électricité coupée... Au bord des larmes, je ne fais pas attention aux récriminations de ce type et tourne les talons. Une fois dans ma voiture, je pleure comme un bébé. Je n'arrive pas à y croire. Un rêve, détruit aussi facilement que l'on éteint la lumière, sur fond de crise économique... Je décide quand même d'y aller. De constater par moi même que cette usine est bien fermée. Peut être que cette intelligence artificielle avait prévu qu'on l'arrêterait et avait secrètement branché un groupe électrogène. L'espoir renaît dans mon esprit. Un espoir de fou peut-être mais un espoir quand même.

Je démarre et pars en trombe, sourd aux appels de mon téléphone. Peut importe qui s'inquiète pour moi. Mon rêve est le plus important !

J'arrive sur les lieux beaucoup trop vite. Je pense que je me suis fait flasher au moins 3 fois. Mais peu importe. J'y suis. Et j'entends un ronronnement ! Complètement hilare je me précipite vers le portail fermé par une chaîne et un cadenas qui feraient pâlir n'importe quelle pince coupante. J'escalade le grillage et manque de m'arracher l'entrejambe sur le fil barbelé. Mais c'est sans importance ! Je cours à en perdre haleine. Je cours autour du bâtiment à la recherche du bruit. Une porte. Fermée. Je la force avec mon épaule mais ne réussi qu'à me blesser. Désespérer j'appelle à l'aide et soudain la porte s'ouvre vers l'extérieur.
Sans regarder la personne qui vient d'ouvrir je me précipite à l'intérieur. Tout est noir... mais mon espoir m'éclaire. Je cours au travers des machines, l'appelant et rien ne me répond. Je m'écroule, au bord des larmes quand une main se pose sur mon épaule. Je lève les yeux et voit un visage barbu me sourire, découvrant des dents noires de crasses. Je me relève, sourd à ses paroles qui se veulent réconfortante. Il me guide vers une pièce éclairée et d'où provient le ronronnement du groupe électrogène. Des sans abri. Ils ont emménagés ici cet hiver, peu après la fermeture. Il m'explique combien ils sont malheureux d'être en dehors de la société mais heureux ensemble. Leur avenir précaire les préoccupe bien sûr, mais il cherche aussi à vivre le présent. Comme je peux les comprendre. Mais mon désespoir n'en est que plus important.

Je les remercie sans trop savoir pourquoi et sort, mon rêve anéanti. Je regagne ma voiture et m'assoupit sur le volant, épuisé par tant d'émotion.

"Chéri ca va ? Hé ho tu m'entends ?"
"Mmh ?"
La bouteille d'huile dans les mains, je suis en train de regarder ce smiley.
"Oui je vais bien ma puce. Regarder la colle forme un smiley. C'est marrant hein ? Peut être que c'est une intelligence artificielle qui a cherché un moyen de communiquer ?"
"Arrêtes ce n'est pas drôle. Hier tu disais que je te faisais peur mais aujourd'hui c'est toi."
"Ah ne t'inquiète pas. Je plaisantais. Mais n'empêche que ce serait sympa..."